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mercredi 31 décembre 2014

2007 NBA Playoffs Eastern Conference Final - Detroit Pistons vs Cleveland Cavaliers


Un gros buzz autour de cette confrontation qui a été nommé dans les 60 plus belles séries de playoffs de l'histoire. Loin d'être en accord avec ça, voici mon récit sur ce duel qui a accouché d'un vainqueur inattendu. 

Dans une conférence Est incroyablement faible où seul Detroit était considéré comme un adversaire dangereux pour la franchise qui se sortirait de l'ouest, il n'y a pas de miracle. Des équipes en devenir (Orlando/Chicago/Toronto/Cleveland), une bande de vieillards (Miami) et les éternels Pistons. Vous enlevez Ben Wallace parti prendre l'oseille chez les Bulls, vous le remplacez par Chris Webber, viré par Philadelphia et vous obtenez la meilleur équipe de l'est. Toujours excellents en défense, appliqués en attaque, ils terminent premier à l'est comme en 2006 et vont connaître une promenade de santé, collant un sweep aux jeunots d'Orlando et s'en sortant sans trop de difficultés contre les vaillants Bulls, tombeurs des champions en titre au tour précédent. Les Cavs connaissent une saison moyenne, surtout du à un effectif faiblard autour du phénomène LBJ. Un 1er tour vite expédié contre des Wizards privé d'Arenas et Butler et une demi-finale assez disputé contre les Nets de Jason Kidd et Vince Carter. Les retrouvailles entre Cleveland et Detroit en finale de conférence, pas grand monde ne va miser sur les joueurs de l'Ohio. 1 an auparavant, Lebron et sa bande qui goûtaient pour la première fois à la post-season avaient pourtant jeter Detroit dans les cordes en demi-finale, ne s'inclinant qu'au bout de 7 matchs en ayant même mené 3-2! Cette série intense avait énormément fatigué et marqué les Pistons qui n'avaient plus de jus face au Heat au tour suivant. Un accident, pensait-on, en 2007, on aura droit à un remake Pistons-Spurs. Au constat final, que peut-on en dire? Défense physique, flopping alarmant de Vareajo à toutes les sauces, Billups sur courant alternatif, Prince hors du coup, Lebron face au reste du monde. Si Detroit accède à sa 5ème finale de conférence successive, Cleveland fait son retour à ce stade de la compétition pour la première fois depuis 1992!

Game 1 - Detroit 79 - Cleveland 76


Un départ en fanfare de Cleveland, porté par un excellent Ilgauskas (22 pts - 13 rebs) et le brésilien Vareajo en remplacant de luxe (13 pts). Lebron est parfaitement tenu en défense, dès que Prince est débordé, ce sont des prises à 2 ou à 3 qui l'attendent, le même genre de traitement que Michael Jordan avait subi en 1988-1989 et 1990, sans les contacts violents qu'avaient subi MJ. Presque un triple double pour l'élu, une rencontre très disputé et c'est Billups qui arme 3 paniers primés, dont celui qui fait passer en tête les siens dans la dernière minute du match. Festival de maladresse des 2 côtés et quand Lebron a le ballon de l'égalisation, on s'attend à ce qu'il aille jusqu'au bout. Contre toute attente, sur son drive, il attire la défense et trouve Donyell Marshall seul dans le corner, tir manqué, Pistons win! Une décision qui avait été grandement critiqué à cette époque, Lebron fuit ses responsabilités, no balls et j'en passe. Pourtant, lorsqu'on analyse l'action, on ne peut qu'applaudir sa décision, il trouve un coéquipier totalement démarqué et malheureusement pour lui, c'est raté. Dans le cas où Marshall l'aurait rentré (ça donnait le triple double à Lebron), les louanges seraient tombés sur les épaules de Lebron, mais là, c'est pas le cas, c'est sa faute... Ok, vive l'objectivité. Hamilton a scoré 24 pts, le Sheed a fait le ménage (15 pts - 12 rebs et 7 blks, record en carrière).

Game 2 - Detroit 79 - Cleveland 76


Oui, même score, 2 fois de suite, globalement le même schéma que le G1. Depuis l'instauration de l'horloge des 24 secondes, c'est la 4ème fois que 2 équipes en finale de conférence ne dépassent pas les 80 pts, et Detroit est systématiquement dans le coup (2003-2004 et donc 2007). Une stat qui tue: Tayshaun Prince sur les 2 premiers matchs cumule un superbe 1/19 aux shoots! Certes, il perd beaucoup d'énergie à défendre comme il peut sur le bulldozer de Cleveland, mais c'est aussi une des raisons pour laquelle les Pistons souffrent autant pour s'imposer. Billups shoote peu (4/7), l'attaque peine, heureusement que la défense tient le choc. Vareajo continue de surprendre et avec un big Z à côté de ses pompes, le Tahiti Bob des Cavs en profite pour glisser un gros double-double (14 pts et 14 rebs). Autre élément surprenant et qui s'avère essentiel, Jason Maxiell! Sheed qui prend des fautes, McDyess qui se coupe la lèvre, le bondissant et dodu intérieur de Detroit va mettre le boxon sur l'adversaire. En 1 minute, il contre un shoot de James, claque un dunk sur un rebond offensif et part sur un alley hoop pour conclure! 15 pts au total pour ce qui reste comme son meilleur match en playoffs dans sa carrière. Alors que les Pistons sont malmenés dans le 4ème QT, c'est le Sheed qui prend les choses en main en marquant 10 de ses 16 pts, dont le shoot de la victoire à 24 secondes de la fin du match. Un tir ultra difficile car après avoir envoyé Vareajo au tapis (avec la comédie qui va avec, un brésilien quoi), il évite de justesse le contre de Lebron qui était venu en aide, ficelle! James rate en forçant le passage sur la dernière possession, Mike Brown a les boules, Detroit mène 2-0 après 2 matchs horribles, mais intenses.Si Flip Saunders parle de chance pour les siens et de malchance pour le concurrent, Rasheed Wallace n'a pas la même vision des choses:
" Ils n'ont fait que flopper et j'espère que l'année prochaine, ce type d'action sera sanctionné par une faute technique. Ce n'était pas de la défense et je suis satisfait qu'on a eu des arbitres vétérans pour le constater"
Game 3 - Detroit 82 - Cleveland 88


Cleveland est dos au mur, même situation que la série de l'an passé. Lebron James a pris de plein fouet les critiques médiatiques, la réponse sur le terrain ne va pas les décevoir cette fois. 2 dunks rapides, 19 pts en première période, la défense de Detroit est dépassé par la puissance du prodige. Dans le même temps, le backcourt des Pistons ne trouve pas la cible. Detroit revient bien dans la partie avec un 3ème QT fantômatique de LBJ, mais le 4ème QT nous offre un beau run de l'élu. 12 pts dont un dunk monstrueux sur la truffe du Sheed, les Pistons reviennent à 2 points sur un tir fantasque de Billups, et c'est Lebron qui porte l'estocade derrière. Bilan? 32 pts - 9 rebonds et 9 passes, encore à la limite du triple double. Sur cette rencontre, Larry Hughes qui était déjà archi décevant, se blesse au pied sur un lay-up, il ne reviendra plus à 100% pour le reste des playoffs et compte tenu de la suite de sa carrière, ça a pu aussi jouer. Un match superbe à ne rater sous aucun prétexte!

"On a donné à Lebron trop de possibilités.." - T.Prince
"Lebron nous a porté sur ses épaules tout le long de la soirée" - M.Brown
"Mon plus grand match en carrière et l'un des plus importants de l'histoire de la franchise" L.James

 Game 4 - Detroit 87 - Cleveland 91


Lorsque Lebron marque 20 pts ou plus, les Cavs sont invaincus en playoffs. Pas d'exception pour ce match qui ressemble assez au précédent, James a du sang glacé dans les veines et plante 13 de ses 25 pts dans le dernier QT. Chauncey Billups assez transparent jusqu'ici réalise une première période de haute volée, 18 pts avec une sélection de tirs un peu douteuse et des ballons perdus. Mr Big Shot va d'ailleurs plomber les chances des siens en perdant des possessions clés, le Sheed qui hérite d'une faute technique pour avoir jeté son bandeau après un run des Cavs (9-0), Detroit n'est qu'à deux points dans les dernières secondes et fait faute sur Lebron, pas réputé pour être clutch dans cet exercice. Sur l'un des lancers, Rip Hamilton tente de le déconcentrer en lui glissant quelques mots à l'oreille, comme l'avait fait Lebron l'an dernier à Gilbert Arenas ou encore Scottie Pippen à Karl Malone en finale 1997. Contrairement à ces 2 cas précédents, ça ne fonctionne pas et James clôt le match. Autre élément qui a tué les Pistons, le rookie Daniel Gibson, 21 pts dont un parfait 12/12 sur la ligne. Le jeune arrière a su plus que combler un Hughes diminué. Première fois qu'une équipe passe la barre des 90 pts dans cette série, et en restant sur Cleveland, ils n'avaient pas passé ce cap sur les 8 derniers matchs! Une preuve en plus que l'attaque était d'une pauvreté affligeante.

Game 5 - Detroit 107 - Cleveland 109


Le match de légende par excellence. Le jour où Lebron s'est transformé en cyborg avec une transfusion de sang de Michael Jordan. Nous sommes à 2-2, le scénario de 2006 semble se redessiner et Lebron James va devoir se transcender pour faire gagner les siens. Cleveland n'a perdu que de 3 pts à chaque fois sur les 2 premiers matchs au Palace et "The Chosen One" n'a pas été en mesure d'imposer sa loi. Les choses vont-elles changer? Hormis Ilgauskas qui joue très bien dans le 4ème QT, derrière c'est le vide intersidéral. Gooden/Pavlovic/Gibson, ça donne 7/27 aux tirs, merveilleux! En face, Billups et Rip retrouvent un peu d'adresse, Webber est très adroit (9/13), Mc Dyess joue 4 minutes avant de dégommer Anderson Vareajo, on retrouve bien le style Bad Boys, Lebron vient défendre son coéquipier, le public se donne l'espoir qu'il prenne une technique ou davantage, la technique sort. Dice va suivre le reste de la rencontre dans les vestiaires et se morfondre en voyant la machine de guerre d'Akron rouler sans ménagement sur son équipe. En soi, rien d'exceptionnel n'arrive avant le dernier QT, mais une fois qu'on y est, on est bouche bée. Ayant vu ce match en direct et supporter de Detroit, j'étais malgré tout en admiration devant la performance de Lebron car là oui, il y avait du Jordan dans les veines. Un festival solitaire contre l'une des plus fortes défenses de la ligue, sauf que ni Prince, ni Rip, ni Billups, ni les prises à plusieurs n'ont eu effet sur le King. Un état de grâce absolu, 29 des 30 derniers points de son équipe, des tirs très difficiles dans toutes les positions, pénétrations fatales conclues par un dunk, impossible à stopper. Non seulement, il maintient sa franchise à flot (48 pts à lui seul), il égalise avec des shoots clutchs, et le dunk pour aller en OT, mais en plus, il place le panier de la victoire à 2 secondes de la fin sur 4 joueurs de Detroit, impuissants contre la volonté de vaincre du numéro 23. Billups rate le tir final, Cleveland s'impose, Mike Brown embrasse avec fierté son poulain. Les Cavs ne sont plus qu'à un match des finales NBA, historique. Il a été le seul Cav à marquer un panier sur les 17 dernières minutes du match. Pendant ce temps-là, Detroit a joué son meilleur match de la série, chaque membre du cinq a marqué au moins 10 pts et comme en 2004-2005 et 2006, ils se retrouvent menés 3-2 dans une série, à chaque fois, ils ont réussi à se qualifier.

"C'est frustrant, il nous a mis une leçon ce soir. Au cours de ma carrière, c'est la performance la plus folle que j'ai jamais vu face à nous en playoffs." - C.Billups

"On m'a dit dans le vestiaire qu'il avait marqué 29 des 30 derniers points de notre équipe, je n'arrivais pas à le croire..." - M.Brown

"On a tout fait pour l'arrêter, le freiner, mais ce soir, c'était tout bonnement impossible" - C.Billups

"Je suis fatigué, éreinté et je pense à demain. Songer à me reposer lorsqu'on a un gamin de 2 ans qui court partout dans la maison, ça va être compliqué. C'est pour ça que je vais le mener chez sa grand-mère." - L.James

Game 6 - Detroit 82 - Cleveland 98


On se retrouve dans la même situation que l'an dernier en demi-finale. Detroit menait 2-0 avant que Cleveland ne gagne les 3 suivants. Les Pistons s'étaient imposés dans la douleur de 2 pts au G6 à Cleveland avant de terminer à domicile. La situation est ici différente car les Pistons sont plus vieux, Cleveland a 1 an d'expérience en plus et ne sont qu'à un match de se qualifier en finale, Lebron est tout simplement plus fort. Comme points positifs pour Detroit, c'est qu'ils ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu'ils sont dos au mur. Déjà mentionné plus haut, les Pistons sont des habitués du genre et ils sont toujours sortis vainqueurs au cours de cette génération. 2004, menés 3-2, ils s'imposent chez les doubles vainqueurs de l'est, New Jersey et remportent le titre après avoir passé Indiana et les Lakers par la suite. 2005, sans l'avantage du terrain, ils gagnent les 2 derniers matchs contre Miami, dont le G7 en Floride pour aller en finale. L'an dernier donc contre Cleveland, ils le font, et il n'y a guère que San Antonio en finale 2005 que Motown n'a pas réussi à vaincre alors qu'ils étaient menés aussi 3-2 (non on ne compte pas Miami 2006, car le Heat menait 3-1, on parle bien de 2-2 puis 3-2). Les Pistons ne vont pas pouvoir réitérer leur série "victorieuse", même en priant dieu que Lebron ait des crampes avec la fatigue de son match de mammouth 2 jours auparavant. C'était pourtant bien parti, Lebron n'a justement pas la réussite, Webber cartonne dès le départ, Rip enchaîne les jump shot et après 3 quarts-temps, Cleveland n'a qu'un seul point d'avance. Une mauvaise série en attaque chez les Pistons associé à l'expulsion du Sheed pour pétage de plombs après une faute offensive injustement sifflé avec l'éternel roi du flopping, Vareajo, voit l'effondrement des vétérans. Billups n'a rien fait de la soirée, Prince a encore vendangé (1/10), Lebron passe du temps sur la ligne (14/19) et livre une belle ligne de stats (20 pts - 14 rebs - 8 asts - 2 blks - 2 stls), malgré un piteux 3/11. Fatigué, mais téméraire et hyper motivé, LBJ va trouver de l'aide d'un jeune rookie qui avait déjà fait du dégât auparavant, Daniel Gibson. Un peu comme Kareem Rush avec les Lakers contre les Wolves en 2004, il nous pond un match de folie, un parfait 5/5 from downtown et coule le navire des Pistons. 31 pts pour le culotté "Boobie" et le match se termine aisément pour Cleveland, victorieux de 16 pts. 
- Mike Brown devient en 2 saisons, le coach le plus victorieux en playoffs dans l'histoire de la franchise, dépassant Lenny Wilkens.
- Cleveland devient la 3ème équipe à se qualifier en finale après avoir été mené 2-0 en finale de conférence. Les Bullets de Baltimore en 1971 et les Bulls en 1993 ont réussi cet exploit auparavant. 
- Premier match dans l'histoire des Cavs à se jouer au mois de juin, ils s'étaient arrêtés au 29 mai en 1992.
- 43 ans que la ville attendait un évènement sportif de cette ampleur!
-  Lebron James devient le 4ème numéro 1 de la draft à se qualifier aussi tôt en finale NBA. Kenyon Martin en 2002 et Tim Duncan en 1999 ont attendu 2 ans , Shaq 3 ans avec Orlando en 1995. Seul Duncan a gagné le titre.
C'était donc le dernier match de Chris Webber avec les Pistons, son dernier aussi au plus haut niveau. Il signe l'année suivante chez les Warriors là où il avait commencé sa carrière, mais sa condition physique l'empêche d'évoluer convenablement (3,9 pts en moyenne). Après des années d'impuissance face au bourreau Jordan (1988-1989-1992-1993 puis 1994 sans MJ...), de blessures et de saisons noires, les Cavs reviennent enfin sur la carte NBA.

"On vous avait dit que Lebron ne nous collerait pas 40 pts et qu'on forcerait un autre joueur à nous battre, le gamin Gibson nous a pillé..." - C.Billups

 "la déception est immense, je me sens vraiment mal pour les gars avec qui on a réalisé une belle année et la voir se terminer de la sorte" - C.Billups

"Si je suis en train de rêver, surtout ne me réveillez pas! C'est juste parfait, incroyable de réussir cela ici à Cleveland!" - D.Gibson

"C'est comme dans un rêve, je n'ai jamais ressenti un moment aussi intense dans toute ma vie" - L.James

"Vous représentez la conférence Est! Rendez-moi fier!" - B.Russell avec la remise du trophée Eastern champions.

Pour conclure, je ne peux toujours pas comprendre pourquoi cette série a été désigné comme l'une des 60 plus grandes de l'histoire des playoffs. J'ai bien ma petite idée, mais ça serait un argument complètement stupide. Un match aussi incroyable qu'il puisse être, peut-il suffire à compter une série complète dans l'histoire de la NBA? Ce fameux Game 5 est en effet un des exploits individuels les plus marquants, sûrement même le Game 5 le plus mémorable sur une performance solo. Si on se base sur les 5 autres rencontres, il n'y a pas de quoi fouetter un chat, le G3 est excellent, le G6 est une belle histoire, mais les 2 premières manches étaient à pleurer, la défense était forte, mais le niveau offensif était très faible. Une histoire de buzz à mon humble avis, c'est la série qui met Lebron sur un piédestal, après tout, personne avant lui n'avait emmené les Cavaliers à ce stade de la compétition.
 

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